Mauritanie. Au moins 62 migrants meurent dans un naufrage
Ouest-France - Au moins 62 personnes sont mortes dans le naufrage d’un bateau au large de la Mauritanie, a annoncé, ce jeudi 5 décembre, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Un navire qui transportait des migrants a fait naufrage au large de la Mauritanie, a annoncé, ce jeudi, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Au moins 62 personnes ont péri. Une source sécuritaire fait, elle, état de 63 victimes. L’OIM a ajouté dans un communiqué que 83 passagers avaient réussi à rejoindre la côte à la nage.
« C’est à notre connaissance un des pires naufrages cette année » sur cette voie de migration par l’Atlantique, a indiqué à l’Agence France Presse (AFP) la porte-parole de l’OIM en Afrique de l’Ouest, Florence Kim.
Le bateau était parti de Gambie le 27 novembre. Leur « embarcation de fortune transportait entre 150 et 180 personnes, dont des femmes et surtout des jeunes âgés de 20 à 30 ans », a rapporté le ministère mauritanien de l’Intérieur dans un communiqué. « Il s’agissait pour l’essentiel d’immigrants irréguliers qui tentaient de rejoindre l’Espagne en provenance de Banjul en Gambie, selon les premières informations recueillies auprès de la majorité des rescapés », a-t-il dit.
« Ils n’avaient plus d’essence et ont heurté un rocher »
« Ils allaient vers les Canaries, ils n’avaient plus d’essence, ils ont voulu se rapprocher de la Mauritanie et ont heurté un rocher », a relaté la porte-parole de l’OIM. Le naufrage s’est produit à environ 25 km au nord de la ville de Nouadhibou, près de la frontière avec le Sahara occidental, a précisé à l’AFP une source sécuritaire mauritanienne. L’embarcation, apparemment une simple pirogue, « a commencé à prendre l’eau. Ils n’étaient pas très loin du rivage, mais une forte houle les a empêchés d’atteindre la côte en bateau », a dit la source sécuritaire mauritanienne.
Les victimes ont été enterrées près de Nouadhibou dans la nuit, sans attendre, selon les prescriptions musulmanes, et sans être identifiées, a dit la porte-parole de l’OIM à Dakar. Certains rescapés ont été hospitalisés en urgence à l’hôpital de Nouadhibou, place portuaire et deuxième ville de Mauritanie.
« Il n’y a pas de psychologue »
Les survivants « sont très fatigués, affamés, le moral à zéro, mais ils reprennent leurs forces et leurs esprits petit à petit », a déclaré un médecin de service sous le couvert de l’anonymat. « Le gros problème, c’est qu’il n’y a pas de psychologue, ils sont sous le choc », a noté la porte-parole de l’OIM.
Les rescapés ont été recueillis « suivant les règles d’hospitalité qu’exigent la solidarité humaine, la fraternité et l’hospitalité africaines », a dit le ministère mauritanien. « Cette situation rappelle, s’il en est besoin, la tragédie que cause le phénomène de l’immigration clandestine, qui décime la jeunesse africaine », a-t-il commenté.
Parmi les voies de migration pour gagner l’Europe et surtout l’Espagne, la route de l’Afrique de l’Ouest, par mer ou par terre, fut l’un des itinéraires privilégiés, emprunté par des dizaines de milliers de migrants au milieu des années 2000. Les Canaries (Espagne) en particulier, à une centaine de kilomètres des côtes marocaines, offraient l’une des principales portes d’entrée à l’Union européenne.
Les mesures prises par les autorités espagnoles ont réduit le flux. Les migrants africains ont davantage emprunté la route de la Méditerranée pour gagner l’Espagne, la Grèce ou l’Italie à bord d’embarcations de fortune. Mais la route occidentale connaît un relatif regain depuis environ deux ans, en raison des mesures prises contre la migration transitant par la Libye, indique Florence Kim.
La Gambie, un « pays de départ »
La Gambie est l’un des plus petits pays d’Afrique, mais aussi l’un de ceux qui, en proportion de sa population d’environ deux millions d’habitants, connaissent le plus de départs. C’est est un « pays de départ », dit Florence Kim, pour une combinaison de raisons, et pas seulement économiques malgré la pauvreté du pays. Elle évoque l’absence de foi dans l’avenir, ou encore la pression familiale intense comme au Sénégal voisin. Depuis 2017, la Gambie a connu 4 700 retours de migrants au pays, qui est par défaut un indicateur d’un phénomène difficile à quantifier, affirme-t-elle.
Sans même parler de la voie d’Afrique de l’Ouest ou des migrations par le désert, plus de 15 000 migrants sont morts en Méditerranée depuis 2014, a-t-elle ajouté.
Ouest-France avec AFP
Source : Ouest-France
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