Boghé : Thièrno Sada Baba LAM, un monument religieux s’éteint à l’âge de 106 ans
Terroir Journal - Il s’est éteint vers 11 heures dans la matinée du 6 octobre 2018. Mais le décès n’a été confirmé que vers 14 H 30 mn. Il a consacré toute sa vie au culte musulman.
Réciter le saint coran, propager le message d’Allah, enseigner les percepts de l’islam, psalmodier en permanence composaient son agenda quotidien. Il rate rarement les cérémonies funèbres, les baptêmes et les cérémonies de mariage. Cérémonies dans lesquelles il prononce des bénédictions pour les fidèles.
N’eut été l’affaiblissement de son état de santé, ces dernières années, il n’aurait jamais manqué la Ziarra Omarienne de Dakar. Au cimetière de Boghé où il a été inhumé ce matin, c’est une marée humaine qui l’a accompagné jusqu’à sa dernière demeure.
Prière mortuaire qui s’est déroulée en présence de Thièrno Madani TALL, serviteur de la famille Omarienne et de plusieurs dignitaires religieux et politiques du Fouta. Les témoignages sur la piété, la foi et l’esprit de sacrifice du saint homme sont unanimes.
Des milliers de fidèles convergent depuis quelques années dans son domicile à Touldé, village situé dans la ville de Boghé pour rendre hommage à l’Imam et patriarche de la communauté Halaybé, Thièrno Sada Baba Lam.
Dieu merci, son âge avancé, 106 ans n’ont pas affecté ses capacités d’expression. D’importantes personnalités politiques et religieuses font le déplacement pour manifester leur attachement au saint homme. Contemporain et ami personnel de Thièrno Mountagha TALL.
Au menu de l’agenda de la Ziarra qui lui est dédiée, les récitations du saint coran, des prières sont formulées pour la paix, la concorde et le progrès social de tous les peuples musulmans par des imams et guides religieux de la ville. Cet illustre guide religieux du terroir est considéré comme le doyen d’âge de la communauté Halaybé, la mémoire vivante de l’histoire et des traditions ancestrales et le médiateur dans les conflits fonciers, tribaux et familiaux. C’est une archive qui s’efface à jamais.
Parcours académique
Né en 1914 à Thialgou près de Boghé. Thierno Sada Baba Lam a été initié à l’écriture et la lecture de l’alphabet coranique par Cheikh Mamadou Amadou Lam, 1er imam de la mosquée de Demett, village du département de Podor dans la région de Saint-Louis. La capitale de la communauté Halaîbé. Village où reposent d’importantes personnalités religieuses et coutumières.
Ensuite, Thièrno Sada Baba Lam est passé par plusieurs Cheikhs dont Bocar Amadou Lam avant de quitter son terroir natal à la recherche et l’approfondissement du savoir islamique. Il ira successivement à Golléré chez son oncle, Thierno Ibra Thiam puis à M’Baan chez Thierno Ousmane Dia, puis à Lewé et Djéol respectivement chez Thierno Amadou Malik et Amadou Abbass Dia.
Après ce cursus dans les écoles Futanké, Thierno Sada alla au nord de la Mauritanie pour perfectionner ses études auprès de Cheikh Sidi Mohamed dit Bibi. De retour au Fouta, il approfondit ses études coraniques et la Charia à Kanel, Nguijilon et à Doondou dans le département de Matam (Sénégal) et obtient le titre de Thièrno au milieu des années 1930.
Il a travaillé comme surveillant au Lycée de Boghé depuis les années 1980. Avant de devenir plus tard Imam de la grande mosquée de Boghé en remplacement de Thièrno Bocar Sokho du même village que lui.
Le Saint homme et le Jihad
Il a défendu vaillamment l’usurpation d’un espace contiguë à la grande mosquée, située à Boghé Escale. Allant jusqu’à organiser une forte résistance avec plusieurs fidèles, un Jihad après l’une des prières du vendredi. Ainsi, ils ont détruit les murs construits par l’usurpateur. Il déferra à la convocation du procureur devant qui il a asséné des vérités fondées sur la loi islamique.
Profitant de la visite du président Mohamed O Abdel Aziz à Boghé en 2012, il se pointera à l’endroit même où le président devait poser la pierre pour la construction du centre de régulation audiovisuelle, il serre la main du Raîss et lui souffle quelque chose à l’oreille. Deux semaines plus tard, l’Etat finit par admettre son erreur et lui donner raison. L’ancien SG, Macina Mohamed El Hadi est dépêché à Boghé pour confirmer au Cheikh que l’Etat a décidé de restituer aux fidèles l’espace usurpé, documents à l’appui. Qu’Allah, le tout puissant, l’accueille en son paradis, Amin.
Daouda Abdoul Kader DIOP
Source : Terroir Journal (Mauritanie)
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