Covid-19 : Les mesures prises par la Mauritanie sont efficaces (Ambassadeur de Chine)
Alakhbar - Les mesures prises par les autorités de Nouakchott contre la propagation du Covid-19 « sont efficaces », selon Zhang Jianguo. L’ambassadeur de Chine en Mauritanie conseille également à ne pas céder à la panique.
Dans cette interview à Alakhbar, Zhang Jianguo regrette par ailleurs la stigmatisation de la Chine et appelle à la conjugaison des efforts internationaux pour trouver un vaccin contre le nouveau coronavirus.
ALAKHBAR : Comment la Chine a-t-elle limité la progression du Covid-19 ?
Zhang Jianguo : Il y a eu une mobilisation énorme de toute la Chine pour endiguer l’épidémie. Le moyen le plus efficace c’est l’isolation des gens. La propagation est très brutale. Il faut donc éviter que des personnes, testées positives, contaminent d’autres. Pour cette raison, la ville de Wuhan et des quartiers, en Chine, ont été mis en quarantaine.
ALAKHBAR : Quelles leçons la Chine tire-t-elle de cette épidémie ?
Zhang Jianguo : Il faut réagir rapidement. Il y avait, certainement, une hésitation des autorités locales, au départ. C’est ce qui se passe, aujourd’hui, dans des pays européens. Ils n’ont pas pris en considération la gravité du risque et ont pris des mesures un peu tard. La Chine a fait de gros efforts pour gagner six semaines de temps par rapport au reste du monde.
ALAKHBAR : La Chine, accusée d’avoir créé et dissimulé le virus. Quelle est votre réponse ?
Zhang Jianguo : La Chine a adopté une attitude responsable. Nous avons également fait preuve de transparence en communiquant, dès le départ, les données, les statistiques et les résultats de recherche des médecins chinois à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et aux autres pays. Pour cette raison, aux Etats-Unis, en Allemagne et en France, les chercheurs, surtout les instituts de recherches, se font la course contre la montre pour trouver un vaccin.
ALAKHBAR : Le président américain parle de « Virus chinois »
Zhang Jianguo : Que le virus soit déclaré en Chine ou ailleurs, il ne faut pas stigmatiser un pays. C’est grâce, d’ailleurs, aux efforts des autorités chinoises, au niveau national, régional et local, que nous sommes en train de maîtriser la propagation du virus. Le gouvernement chinois a rejeté cette stigmatisation de la part du Président Trump.
Même des scientifiques et des chercheurs aux Etats-Unis s’y opposent ouvertement ainsi que dans le reste du monde. Seuls le Président Trump et quelques personnes de son administration collent le virus directement à la Chine ou à la ville de Wuhan.
ALAKHBAR : Où en est-on avec le vaccin que la Chine expérimente ?
Zhang Jianguo : La Chine a annoncé, officiellement, qu’un vaccin est en cours d’expérimentation. Cela prendra du temps. Mais c’est déjà un bon signe. Aux Etats Unis et en Europe, il y a aussi des vaccins en phase d’expérimentation. Il faut les encourager.
ALAKHBAR : Selon l’expérience chinoise, combien de temps va durer l’épidémie ?
Zhang Jianguo : Je ne sais pas. Je ne suis pas scientifique. Mais selon certains scientifiques, il faudra attendre quelques mois. D’autres parlent de quelques années. Mais on espère qu’il y aura rapidement un vaccin utile et efficace. Les scientifiques de Chine disent qu’au mois de Mai le virus disparaîtra en Chine.
Mais avec la propagation brutale dans le reste du monde, en particulier en Europe et aux Etats Unis, l’issue reste incertaine. En tout cas si les autres pays prenaient les mêmes mesures drastiques que la Chine, avec une forte mobilisation générale, il faudrait compter six semaines à deux mois, pour se séparer du virus.
ALAKHBAR : Sur le vaccin, la Chine peut-elle concurrencer les occidentaux ?
Zhang Jianguo : Dans tous les pays où l’épidémie est déclarée, il y a beaucoup de recherches sur les méthodes de traitement, les médicaments à utiliser, etc. En Chine, plus de 95 % de cas ont été traités non seulement avec la médicine occidentale mais aussi avec la médicine traditionnelle chinoise.
C’est donc une combinaison des efforts. Il faut encourager la coopération internationale dans ce domaine. La Chine est prête à coopérer avec les autres pays. Nous ne sommes pas comme les Etats-Unis où le Président Trump voulait même monopoliser un vaccin qui serait uniquement pour les Américains. Pour un avenir partagé de l’humanité, je pense qu’il faut absolument une coopération internationale.
C’est le cas de la Chine : même si nous sommes dans un pays sous pression pour endiguer l’épidémie et manquons de matériels médicaux, nous répondons à la demande des pays frappés gravement par l’épidémie, comme la France, l’Italie, l’Iran, l’Espagne voire même l’Union-Européenne (UE). Nous leur envoyons du matériel médical pour les aider.
ALAKHBAR : Comment la Chine pourrait aider la Mauritanie contre le Covid-19 ?
Zhang Jianguo : Tout d’abord, je suis en contact régulier et étroit avec les autorités mauritaniennes pour sensibiliser la communauté chinoise. Au départ, on craignait que des Chinois, contaminés, amènent le virus en Mauritanie. Pour l’instant ce n’est pas le cas.
Mais, nous sommes très vigilants auprès de la communauté chinoise afin qu’ils reportent le plus possible leur date de retour en Mauritanie et, une fois sur place, qu’ils respectent les mesures préventives prises par les autorités mauritaniennes en terme d’hygiène, de rassemblement, etc.
D’autre part, nous sommes en train de fournir, depuis quelques jours, un nombre de documents sur cette épidémie aux autorités mauritaniennes - gestion, méthode de dépistage, soins, etc. - afin qu’elles puissent étudier l’expérience de la Chine.
J’ai aussi visité le chantier du bâtiment de consultation des maladies infectieuses à l’Hôpital National de Nouakchott. Ce bâtiment, qui est un don du gouvernement chinois, dispose de 50 lits. Les travaux devraient terminer fin mars, selon le contrat initial.
En raison de l’épidémie déclarée en Chine, les travailleurs et les ingénieurs ne sont pas venus à temps pour finaliser ce bâtiment dont les autorités mauritaniennes souhaitent accélérer les travaux afin qu’il puisse servir de réserve dans le cadre de la lutte contre l’épidémie.
Nous discutons avec les autorités mauritaniennes et avec l’entreprise pour voir comment finaliser les travaux pour que la Mauritanie puisse disposer de quelque chose plus adéquat. Au niveau de l’Ambassade, nous avons sollicité Pékin pour voir comment peut-on aider, concrètement, la Mauritanie dans ce contexte.
ALAKHBAR : Ici, à l’Ambassade, vous n’avez pas peur du coronavirus ?
Zhang Jianguo : Il ne faut surtout pas paniquer. Jusqu’à maintenant, je pense que les mesures prises par les autorités mauritaniennes sont efficaces. La panique est encore plus dangereuse que le virus. Il ne faut pas paniquer.
Source : Alakhbar (Mauritanie)
A découvrir aussi
- Panne du Net : le navire britannique devant réparer le câble sous-marin en route pour l’Espagne
- Le Président de la République reçoit une communication téléphonique de son homologue algérien
- Coronavirus: Emmanuel Macron appelle à son tour à «annuler» les dettes des pays africains